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Les missions médicales

Quatrième trimestre 2001

Les docteurs Frédéric CHAGUE et Françoise JACQUENET interviennent pour la première fois en pays yoruba, à la frontière du Nigéria, toujours au Bénin. Mme Sylvie KERVADEC remplit le rôle de logisticien.

 

Une pharmacie bien tenue (Illikimou, Bénin)
Même en milieu précaire, les femmes du PHANS restent coquettes (Illikimou, Bénin)
Le principe du compagnonnage du PHANS : l’enseignement au lit du malade (Illikimou, Bénin) Le jour du départ : les cœurs sont serrés (Illikimou, Bénin)

 

Articles associés publiés dans les bulletins du PHANS

ILLIKIMOU 2001
Mme Sylvie KERVADEC – Dr Frédéric CHAGUE
Bulletin 4

ILLIKIMOU c’est la première entorse, celle de la cheville d’Edmond, notre premier consultant, celle aussi au programme initialement prévu : nous devions effectivement débuter cette nouvelle série de missions à ASSROSSA, sur le fleuve OUEME, en pays fon, en pleine zone d’endémie d’ulcère de BURULI. Ce fut donc ILLIKIMOU, sur la frontière avec le NIGERIA, en pays yoruba. Les Yorubas occupent un territoire qui, sur la carte, est scindé par la frontière. Certes le pays situé à l’Est s’appelle NIGERIA, celui à l’Ouest BENIN, certes à l’école c’est l’anglais qui est enseigné à l’Est et le français à l’Ouest . En fait si cette zone est une ligne de partage, le mot partage correspond ici beaucoup plus à échange qu’à séparation : échanges entre amis et membres d’une même famille vivant autour de cette démarcation, échanges entre denrées (le pétrole vient directement du NIGERIA),é changes monétaires puisque le naira (la monnaie nigériane) a libre cours dans la sous-préfecture, échanges sanitaires car certains de nos consultants viendront du pays voisin. ILLIKIMOU c’est aussi ce village de 5 à 6000 Yorubas évoluant dans cette cohabitation pacifique et tolérante entre confessions différentes avec, sur fond de vodun (vaudou), et par ordre alphabétique catholicisme, christianisme céleste et islam. Alphabétique renvoie à scolarité : en effet ILLIKIMOU (étymologiquement" ILLOUKEMA" : "qui aime ses enfants"), c’est, comme partout en Afrique, cette nuée de gamins qui marchent et courent sur la piste qui mène à l’école. Ces écoles nous les avons visitées, nous y avons discuté avec les maîtres et examiné les élèves. Elles pourraient être le vecteur de l’information médicale, c’est-à-dire du dépistage précoce de certaines maladies dont l’ulcère de BURULI (cf. article du Dr BARTHELME, bulletin numéro 3).

ILLIKIMOU c’est aussi cette volonté qu’ont les villageois pour mettre en route la mutualisation de leur Centre de Santé, là où nous venons de travailler cette première quinzaine de Novembre en nous attachant à essayer de parfaire la formation de l’équipe de soin en poste. C’est aussi bien sûr la chaleur de l’accueil, cette hospitalité toute africaine. C’est également cet appel au retour qui est plus une invitation qu’un appel au secours. Ce retour est prévu début Janvier 2002 à ILLIKIMOU en pays yoruba mais aussi à ASSROSSA en pays fon, deux centres dont le relatif éloignement pourra être aisément franchi grâce au véhicule prêté par notre amie Mariette.

 

LE PEUPLE YORUBA
Dr Benoît BARTHELME
Bulletin 4

Les missionnaires du PHANS quittent les bords du fleuve OUEME dont la population est fon pour aller à la rencontre du second peuple du BENIN, les YORUBAS qui habitent le long de la frontière du NIGERIA à l’est du BENIN. Les YORUBAS forment un des grands peuples du golfe de GUINEE, depuis le fleuve NIGER à l’est jusqu’au TOGO. KETOU, à 100 km au nord de PORTO NOVO, fut la capitale d’un puissant royaume yoruba dont il reste encore aujourd’hui une ancienne porte fortifiée. Le roi de KETOU, "ALAKETU", descend en ligne directe de "ODUUA", héros mythique créateur de la terre et fondateur d’IFE ville mythique située au NIGERIA d’où ses fils partirent fonder les autres cités du royaume yoruba. Le roi garde un pouvoir religieux mais son pouvoir politique est devenu symbolique. Les courtisans et les femmes forment un conseil qui limite ses pouvoirs. Les corporations d’artisans participent également aux débats des notables. Des sociétés secrètes, les GUELEBES, ont une influence sur le peuple yoruba; elles sélectionnent les élites mais censurent également leurs défaillances en jouant le rôle d’un tribunal occulte. Les YORUBAS sont animistes et leur panthéon comprendrait plus de 400 divinités dont les plus importantes sont IFA et ESHU. IFA est le dieu du bien, source d’ordre et de stabilité ; ESHU le dieu du mal, filou et escroc, qui sème la discorde sur son passage : il se tapit près des carrefours. L’artisanat yoruba est réputé pour ses sculptures de masques servant aux danses des sociétés secrètes, pour ses tambours, ses flûtes, ses trompettes et ses tissages. Au-delà des traditions et de l’histoire, la culture yoruba c’est aussi la deuxième langue locale du BENIN après le fon; elle bénéficie d’ailleurs d’une place à la radio et à la télévision nationales. Le BENIN, aujourd’hui, permet aux différents peuples qui le composent de vivre en harmonie sans que l’on perçoive, au-delà des différences linguistiques, de tensions ethniques comme dans d’autres pays du golfe de GUINEE. C’est une chance pour ce petit pays en voie de développement.

 

HIVER 2001 - 2002
Dr. Frédéric CHAGUE
Bulletin 6

Cet hiver, le PHANS aura couvert huit semaines de présence au Bénin; les équipes se sont succédées avec des effectifs de deux, trois ou quatre missionnaires".
Lors du précédent bulletin, nous avions annoncé certaines innovations :
• Le travail sur deux sites, ce qui fut effectué à Illikimou et Assrossa, en série puis en parallèle. Les incessants trajets furent possibles grâce au prêt d’un véhicule 4X4.
• L’intégration de non-médecins dont le rôle fut d’assurer la logistique, effectuer un état des lieux sanitaire, social et administratif avec, par ailleurs, élaboration d’un support audiovisuel de communication.
• Le partenariat avec DMAB, ONG franco-béninoise de mise en place de mutualisation des centres de santé. Les conclusions tirées de cette nouvelle "campagne" sont :
• L’action sur deux sites nous a donné l’opportunité de constater une importante disparité en terme de pathologie : schématiquement, nous avons mis en évidence beaucoup plus de cas d’ulcère de Buruli sur Assrossa, c’est-à-dire dans la vallée de l’Ouémé, et plus de pathologie oculaire sur Illikimou, région de plateau. Toutefois, il faut rester conscient du danger a manifestement accéléré certaines démarches, nous a évité quelques écueils et a peut-être déjoué certains pièges. En tout cas, sa présence nous a donné la possibilité de mieux appréhender certains rouages locaux. A la lumière de cette saison sèche, on pourrait envisager comme suite à notre action :
• La poursuite de l’activité sur les deux villages sus-cités, tout en insistant sur la formation des agents permanents de ces centres de santé. A ce sujet, le PHANS envisage l’attribution d’une bourse d’études à M. Emmanuel Zounménou pour qu’il puisse suivre les cours de l’école d’infirmiers d’état à Cotonou.
• Un ciblage de l’action mieux adapté à la pathologie rencontrée : une action de dépistage de l’ulcère de Buruli par le biais des écoles pourrait être lancée sur Assrossa.
• Le PHANS pourrait donner une suite favorable à la demande d’ADMAB qui souhaiterait une action d’audit dans ses différents centres de santé. L’ensemble de ces projets passe par trois axes :
• Le renforcement des effectifs.
• La mise à disposition d’un véhicule 4X4 tel celui que Mariette nous aura prêté cette année. Après de longues de tirer de trop hâtives conclusions épidémiologiques.
• La présence de non-médecins aura permis de gagner en rapidité de connaissance du terrain et d’autre part d’accroître notre banque de données iconographiques dans laquelle nous puisons lors des séances de communication, que ce soit dans le domaine médical (réunions de l’OMS à Genève, exposés à la faculté de médecine de Dijon et à l‘école d’infirmières de Mulhouse) ou dans celui de l’information à un plus large public (manifestations de remerciements à nos mécènes, de présentation de l’ONG lors de différents réunions et spectacles).
• La présence sur le terrain de Joseph Loko (un des responsable d’ADMAB), présence amicale et récurrente, discussions au sein du Bureau, il a été décidé, dans l’immédiat, de louer un véhicule similaire pour chaque mission plutôt que de l’acheter.
• Celui de la communication, seul moyen de recruter des bénévoles et … de financer ce poste "déplacement en brousse" qui devient de plus en plus conséquent. Parler finances sera l’occasion de rendre brièvement hommage à notre ami trésorier. Jean-Marc, nous te remercions pour ton Amitié et pour l’immensité de la tâche ingrate que tu as su mener avec rigueur et humour au sein de notre bande de mauvais garnements dissipés qui n’y comprenions guère à ton bilan comptable… Là aussi, tu nous manques déjà.